Les pigeonniers du Tarn

La définition même du Pigeonnier, c’est un bâtiment destiné à contenir des troupes de pigeons et à leur permettre de pondre et de couver leurs œufs à l’abri des intempéries.

Le Mas d’Aurel, propriété familiale au cœur du Vignoble de Gaillac, est caractérisé par un corps de ferme, en pierres blanches, et notamment par un magnifique pigeonnier. Même si aujourd’hui, ce pigeonnier n’est plus actif, il en reste néanmoins, un marqueur important, et très préservé.

Un petit retour sur l’histoire et l’origine des pigeonniers :  

Le pigeonnier a été un outil important du XIXe et XX siècles. En effet, le pigeonnier a surtout à cette époque un aspect nobilier. L'homme a voulu construire des pigeonniers pour marquer sa position sociale, sa fortune. Seuls, les seigneurs pouvaient s'offrir la construction d'un pigeonnier. Ce bâtiment en apparence anodin avait une valeur de symbole pour les nobles installés sur d'immenses propriétés. Après la révolution, une fois les privilèges abolis, le pigeonnier s'est répandu. Il perd donc au 19ème siècle ses titres de noblesse.

Les pigeonniers ne sont pas disposés au hasard. La majorité se situe dans les champs céréaliers ou proches des vignes, loin des cours d’eau pour éviter la pollution et loin des arbres pour éviter les rapaces. C’est pourquoi, nous en retrouvons beaucoup dans le vignoble Gaillac.

Outre leur chair, les pigeons ont aussi un avantage pour l’agriculture : leur fiente, appelé colombine. Ces déjections serviront comme engrais dans la production de pastel, de chanvre et pour fumer les terres viticoles du vignoble Gaillac.

La colombine est tellement un engrais précieux qu’elle fait partie de la dot lors du mariage. Ainsi le pigeon fait partie d’une économie agricole et active l’économie rurale.

Au XXème siècle, une quantité incontrôlable de pigeonniers a donc poussé sur les terres agricoles. Le nombre de pigeonniers a été multiplié de façon déraisonnable et les pigeons sont passés d’atouts économiques à nuisible pour les paysans. Ces derniers subissent les ravages de nuées de pigeons sur leurs terres et ne peuvent même pas s’en protéger puisqu’il était interdit de tuer ou blesser un pigeon.

Abandonné à la fin du XIXème siècle car la colombine n’était plus un engrais assez rentable. Les pigeonniers sont abandonnés au fur et à mesure. Il faut attendre le milieu du XXème siècle pour qu’ils soient réhabilités et qu’ils deviennent des édifices architecturaux. Ces pigeonniers sont parfois des édifices architecturaux parfois monumentaux. On observe des formes et des architectures de pigeonniers toutefois très différentes que ce soit dans le Tarn, le sud de l’Aveyron, le Gers ou le Lot.

Le département du Tarn est celui où se regroupe tous les types architecturaux de pigeonniers. Le Tarn est l’une des régions les plus riches en pigeonniers.

C’est donc tout naturellement, qu’une association de 30 vigneronnes gaillacoises « LES Z’ELLES », se mobilisent pour accroitre la notoriété des Vins de Gaillac et restaurer les pigeonniers, véritables patrimoines de leur vignoble Gaillac.
Ainsi depuis 2016, elles organisent pendant le mois de juin, un week-end avec de nombreuses animations (randonnée dans les vignes, conférence, apéro-concert, apéro-gabarre, dégustation...) permettant de faire découvrir le vignoble de Gaillac.
Ce week-end se termine par un repas suivi de la fameuse vente aux enchères des vins des Z'Elles. Ainsi les fonds récoltés permettent de rénover un pigeonnier sélectionné chaque année par les vigneronnes.

𝐏𝐨𝐮𝐫𝐪𝐮𝐨𝐢 ont-elles choisit 𝐥𝐞𝐬 𝐩𝐢𝐠𝐞𝐨𝐧𝐧𝐢𝐞𝐫𝐬 ?

Les vigneronnes des Z’Elles souhaitent rappeler l’histoire millénaire du vignoble de Gaillac. D’abord implanté par les phéniciens, rendu célèbre plus tard par les moines bénédictins ayant obtenus le soutien des comtes de Toulouse ; le vignoble gaillacois a une géographie de carrefour qui lui a permis d’exporter, de faire connaître ses vins depuis dix siècles en les transportant grâces aux gabares le long du Tarn, rejoignant la Garonne puis Bordeaux. Un commerce qui a permis de structurer les règles de production.
Huit siècles avant la création des AOC, le vignoble Gaillacois est un des mieux protégés et organisés de France : interdiction de mélanger les vins avec des vins d’ailleurs, taille règlementée, ban des vendanges, défense de fumer les vignes, organisation du temps de travail... Avec un seul engrais autorisé à l’époque pour fertiliser la vigne : la « colombine ».
Les Z'Elles souhaitent ainsi préserver leur histoire, ces véritables symboles du patrimoine local, en région Occitanie et plus particulièrement dans le Tarn.

Retrouvez toutes les informations sur leur site : http://www.leszellesgaillacoises.fr/

L’histoire des pigeonniers est donc bien plus importante que l’on ne le pense.

Donc n’hésitez pas à venir pousser les portes du Mas d’Aurel, pour visiter la cave et découvrir les vins de Gaillac. Vous pourrez vous balader au travers du vignoble et observer le magnifique pigeonnier du domaine.